La malouinière de la Bardoulais (1731)

Située à Saint-Méloir-des-Ondes, la malouinière de la Bardoulais apparaissait à l’extrémité d’une rabine de charmes et de chênes aujourd’hui disparue. Elle a été construite par les descendants de Michel Porée en 1731 comme l’indique la date de l’encadrement en plein ceintre de la porte principale. Le corps de logis est orienté ouest-est avec une avancée à chaque extrémité de la façade. À cette époque, l’ensemble formait une belle propriété d’environ 200 hectares. Aujourd’hui, l’entrée se fait par une allée plantée de chênes et le long enclos visible de la route, subsiste. Derrière, les premiers bâtiments servent de dépendances, et le colombier traditionnellement prévu pour communiquer avec le port de St Malo est en parfait état. Le parc et les jardins sont couverts de fleurs, et la façade côté cour du logis n’a d’égale que la façade côté jardin.

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La Bardoulais dans les années 1920

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La chapelle Saint Jacques (1627)

Alignée sur la maison principale au sud, la chapelle Saint-Jacques fut fondée par les Bardoul en 1627. Enclose, elle possède une belle façade gothique avec un portail orné d’arcs en ogive, une abside à 3 pans avec une fenêtre de chaque côté et une petite porte face à la malouinière. La procession des Rogations s’y rendait avant la seconde guerre mondiale, et des messes y sont encore régulièrement célébrées.

Banniere chapelle en 1907

La chapelle était en piteux état début 1900 ; la photo de droite prise en 1907 à l'occasion d'un mariage montre que le lierre avait même investi l'intérieur.

Chapelle 3

Le manoir des Bardoul (1513) jouxte la malouinière

Manoir de la petite bardoulais vers 1950

Le manoir de la Bardoulais dans les années 1950

Le premier manoir a été restauré et côtoie la malouinière ; il appartint aux Bardoul en 1513, aux Boulain en 1634 puis aux Porée qui y résidèrent à partir de 1648 et jusqu’au XVIII° siècle. Au gré des successions, la propriété appartient ensuite aux familles : Le Fer du Flachet jusqu’en 1783, Le Saige de la Mettrie jusqu’en 1832, Collins de Boishamon jusqu’en 1849, aux Rozée d’Infreville jusqu’en 1910. Les Lefebvre l’acquièrent ensuite avec leur gendre Joseph Pouliquen qui en héritera totalement en 1918. Le baron Michel Le Gouëllec de Schwarz rachète ensuite la propriété à son neveu Pouliquen en 1942 et la transmet à son fils Saïk en 1978. En 2019, son fils aîné, Erwan, a repris La Bardoulais avec Cécile, son épouse, en ouvrant la propriété au public via des gîtes, des chambres d’hôtes et des espaces dédiés aux réceptions et séminaires. La famille Le Gouëllec est issue en ligne directe de Charles Locquet de Granville, Marquis de Fougeray, armateur et capitaine corsaire à Saint-Malo (1646-1713).

Sources :

« Gentilhommières du pays de Saint-Malo » par Daniel Derveaux – Éditions d’Art Daniel Derveaux (1965)

« St-Méloir des Ondes » par Joseph Pichot-Louvet – Les Éditions du Phare (2003)

« Malouinières, manoirs et demeures du Clos-Poulet » par Pierre-Jean Yvon – Editions Le Télégramme (2005)

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Le parc

Comme le décrit un rapport d'expertise datant de 1978, l'environnement paysager était des plus austères. Il semble d'ailleurs l'avoir toujours été, excepté peut-être le potager : "A l'Est de la Malouinière, composé d'une simple pelouse, entourée d'une belle allée plantée ; parterre à l'Ouest ; hétraie et allée d'accès vers le Sud. Toutes ces parties d'agrément sont un peu modestes par rapport au standing de la malouinière qui manque d'un véritable parc". Quand Saïk Le Gouellec de Schwarz reprend la propriété de ses parents en 1978, son épouse, Marie, remaniera progressivement tous les extérieurs. Grande contemplative, passionnée par les fleurs et la peinture, elle redessinera progressivement les jardins en mettant à profit ses cours aux jardins de Versailles, ses fréquents voyages en Angleterre et son expérience accumulée au sein des jardins à la française du château de Craon (53). L'environnement luxuriant qui ravit les visiteurs actuels lui est principalement dû.

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La ferme en 1942

Comme en témoigne le bail de 1942, liant le nouveau propriétaire, M. Michel Le Gouellec de Schwarz, à M. Michel Pouliquen, agriculteur (fils du précédent propriétaire), certaines charges et conditions posées sont inspirées par le manque de nourriture lié à l'occupation allemande. "Les preneurs devront fournir à Monsieur Le Gouëllec de Schwarz : deux litres de lait par jour et douze poulets pendant son séjour et celui de sa famille à la Bardoulais, chaque année ; cinquante deux livres de beurre par an à raison d'un Kilogramme tous les 15 jours ; soixante kilogrammes de lard salé par an à raison de deux Kilogrammes cinq cent grammes deux fois par mois. Toutes ces livraisons seront faites à compter de l'année mil neuf cent quarante trois et seront payées par Monsieur Le Gouëllec de Schwarz au cours du jour de leur livraison. Les preneurs devront en outre fournir gratuitement au bailleur chaque année : une barrique de cidre ; deux cent cinquante Kilogrammes de pommes de terre Flucke Géante, à partir du mois de juin de chaque année ; deux cent cinquante Kilogrammes de pomme de terre d'Industrie ou d'Abondance de Mai en Octobre ou Novembre de chaque année". 

Le prix du fermage était fixé sur la base de la valeur de "quarante huit quintaux de blé froment d'après le cours de l'office national du blé ; et de deux cent trente paniers de pommes de terre Flucke Géante de cinquante deux Kilogrammes chacun d'après leur cours moyen entre le quinze Juin et le quinze Juillet de chaque année ; et qui sera payable les quinze Juillet et vingt neuf Septembre de chaque année. Le terme exigible le quinze Juillet sera représenté par les pommes de terre, celui du vingt neuf Septembre par le blé ".

Autour des années 1910, "Alphonse Lefebvre eut l'idée d'y entreprendre une laiterie fromagère qui produira du beurre et un camembert illustré aux armes de la Bardoulais" (témoignage de Jacques Aubry, filleul de Marie Pouliquen, née Lefebvre).

Camembert contrat

Bardoulais recu de laiterie datant de 1911

Bail de 1942

En 1954, la ferme se modernise

Etat des lieux en 1951.

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Ferme de la bardoulais en 1951 3

De 1954 à 1956, des travaux sont entrepris pour moderniser l'exploitation. Une nouvelle salle de traite est construite ; elle sera l'une des toutes premières de France à bénéficier de l'installation d'une trayeuse automatique.

Travaux ferme de la bardoulais 1954 a 1956 1

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Salle de traite de la bardoulais en 1956